PACOTILLES


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Texte l'arbre à silhouette

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L’arbre à silhouettes



La ville s’allonge de traces rouges
Se crispe de songes
Se ronge du naufrage des nuits.
Nous coulons de mots
A hurler de solitude.
Sous la coupole de fleurs blanches
Le souffle rauque de nos désirs
Lorsque l’aube nous terrasse.
Où, et avec qui sommes-nous
Regrets d’alcool sur le marbre noir de l’autre rive
A détacher nos âmes sans forme ni relief
A présent.
Tout juste des entrailles qui ruissellent sur nos doigts étonnés
Longuement écarquillés
Dans nos habits d’impuissance.
Un long regard
Se venge du passé
Perce ce qui reste de conscience.
Et s’écoule la vie,
Lavée
De l’odeur.
Alors, endormie de lourde chimie
La paupière vibre
N’ose dévoiler.
Rétine rougie au présage de sédiments poisseux
Pollens agressifs de l’impertinence
Eclosions attendues
Corps désirés
Horizons scrutés
A l’étroit, la vie s’organise un peu.
Les tréteaux montés, les coffres ouverts
Comédie de valets, d’amants, d’arrogances, de puissances récitées
De vaines prophéties et de dieux consommés
A l’ardent festin d’une jeunesse qui avance.
Revêtus des toges blanches de la tragédie
Figés au masque de terre
Greffés au bonheur des perfusions numériques
est-il temps de partir
Descendre des tribunes de l’arrogance
Roder dans l’ombre des louanges et des étirements du cœur
Mutisme vigilant
Regards de tanière.
Et toujours sur nos gardes
Campés
Au récif cramponnés
Insulaires vieillards
Pupille rivée sur d’autres latitudes
Ame inerte et comme en lambeau
Des effusions du passé
Vigies des mutations
Des fatalités
A triple tour retranchés
Savamment retroussés
Des nébuleuses moites aux urbaines faveurs
Fauves des odeurs, faunes du pavé
Dragons aux seins trop lourds
Labourez de vos ongles
Nos dédales d’histoire
Nos passés d’hystérie
Hallucinez, redessinez l’orbite
Insistezmenacez
Nous n’en démordrons pas
Mensonges dans l’évidence des mots
Et l’innocence décline.
Effluves de l’intrigue
Et s’altère le regard
Le visage se ferme
La masse aux couleurs de la cendre
Devenue telle
Que les jambes se dérobent et s’enlisent
Et l’orage des voix gronde
Au plus profond des corps
Monolithes entêtés
Immobiles et graves
Aveugles à l’offense
Bafoués mais droits
Trouvent toujours la force
Organisent le départ
Se mesurent aux vives eaux des glaces
Aux vagues d’étincelles
Ecume de sel.
Ne plus exister qu’à travers la caresse du regard
Aux cimes lumineuses
Noyées des clartés d’ambre de la chair.

Seul, au milieu de l’avenue
Rien ne l’en détourne
Nul regard ne dérive
Par dessus les épaules.
Longue silhouette aux longues mains
Démantelées
Lourdement chargées des affaires du passé
Affaiblies de l’outrance des chairs
Mais
Libres de toute gravité
Dés lors
Congédiées des mornes innombrables
Des fixités, ordres et usages
Il est de toutes mers
Oiseau voilier
De toute évidence
Fragment apaisé
Revêtu des grandes fresques de la nuit
D’espèces infinies
De silences
D’un océan cerné
Simple regard d’horizon
D’azur saturé
Intouchable et muet
Mainte fois perdu
Abandonné.
Jusqu’à l’étrange infini
Murmures et rumeurs
Avouent l’éperdu
La faiblesse des chutes
Le mutisme des cœurs
S’épuise sous le vent
A bousculer l’usage
Et le temps à creuser
Et le vide
Et le sable
A retourner l’ardeur en lumière fanée.
Il se moque du temps
Et du visage gris.
Il se moque du sens
Des possessions crochues
Devises brandies
En mots vibrant aux ondes
En mots s’amoncelant
En longues litanies
Les sens emmêlés
Se jouent des vérités.
Il se moque du sens
Où déployer ses jambes
Ses longues jambes frêles
Affutées d’ombres grises
Si légères à élever ce corps
Aux douceurs infinies de l’usure des marches
L’âme souple
Des lames du souvenir
S’incurve sous ses pas.
Tu ne trébuches pas
Tu t’élève et murmure
«émerge la lame effilée
La tragédie taraude l’âme
Aux neiges rouges de fonds filiformes
Affolement du sang
T’en souviens-tu
Tu dois mourir aussi»
Et l’autre d’avoir peur
De détourner les yeux
Et tu t’élèves encore
Tu t’élèves
Et embrase du regard
Nos marbres délicats
Nos cendres si précieuses
L’acier de nos jardins
Tu renverses nos calices
Sans égard
A nos bouches acharnées
A l’acide morsure
Des chaînes de nos pères
Décroche des gibets
Les restes en lambeaux
Ose nous défier
Nous qui vivons de rien sur le sable des peurs
Débarrasse nous enfin
Mais il se détourna.
Sa voix sourde
De rares paroles
Aux seuls esprits
Il s’installe sans hâte
Sans apparaître vraiment
Les regards le traversent
Traversent sa marche
De silhouette aux ombres portées
L’homme lévite
S’allège des remords
Au bleu fragile du cristal
Il s’élève encore
Il finira par se taire
Et être
Simplement.
Mais avant
«abandonner
Sauf l’essentiel
L’essentielle nudité
S’allume dans la nuit
Dans l’intimité du silence
Dans la confusion du premier état
C’est là qu’il faut être
Impudique et sublime
Agrippé aux parois»
Un jour
Alourdi de passions
Sidéré du charme
Effluve acide des poisons
Effarés de lumières assassines
L’ombre s’est dissimulée
Au détour d’une vie
Entrevue par hasard.
Fluidité des coups
Au plexus affaibli.
L’enfant hésite
Oblique
Pivote et s’insinue
Dans l’espace des songes.
L’enfant
Déchu
Malgré vous
Démêle l’écheveau
Affabule un saccage d’idées,
Volutes enluminées
Invisibles aux passants
Trop passants.
Mais il demeure
Sensible
Aux effluves de l’entre sol.
Alors, l’enfant grandi
Au point que l’homme croise son chemin.
Il dérive des étreintes
Et s’affute
Au jour le jour
A la substance grise.
Sa bascule à lui
Ample chevauchée
Est de vous avoir connu.
Enfin, la silhouette émerge
Belle et ténébreuse
Des cercles de passion
Et des parvis d’étoiles.
Observe
Cette élégance triste
Et impose le silence
Sinon pour avouer.
Enfin.
Quelle délivrance que d’avouer
Avouer sa couleur.
Silhouette blanche
Sur le fond noir des tanières
Extraie de ce corps en silence
Au secret bleu des nuits
Encore hélée mais sourde déjà
Elevée encore
A déverser l’amour contenu
A émouvoir
L’ombre fusionne alors
Aux ombres fugitives
Comme elles
Détournée.
La lueur fascine
Le silence impose le regard
L’intense se partage
En œillades attendries
L’âme en reflet
Se détourne du monde.
On retrouve ces ombres
A l’ombre des rivages
Accrochées aux corps des amants
Dans le silence de leur langage
A l’âge du silence revenu.
On les croise parfois
On les nomme silhouette
On les pense solitaire.
Mais la silhouette s’amuse.
Elle ignore la densité des murs.
Mais la silhouette a fui
Elle regarde le chemin
S’arme de poussière
En nuages massifs,
De lumière
A l’aplomb,
De lanternes fragiles
Aux parfums des nuits.
La silhouette s’amuse
A fuir les territoires,
Elle se réduit
En caresses
Uniquement,
Dans la fissure des alliances
Des réseaux
Crépitent nos couleurs
Nos corolles
Nos sèves et nos sucs.
Nous voilà.
Des pierres disjointes de vos murailles
Voilà les silhouettes
Aux gestes simples.
Ni vos mots
Ni vos images
Animées d’abondance
Ne nous affligent.
Ce tapage nous innocente
Couvre de son aile noire
Le versant,
Le ramage.



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